Lors d’une séance de coaching, la demande de mon coaché est tombée comme une sentence : je cherche à être plus heureux.

Ce qui rend heureux, c’est le bonheur. Mais qu’est-ce que le bonheur ? La chance (le porte-bonheur) ou encore l’état de la conscience pleinement satisfaite.

Les citations sur le bonheur ne se comptent plus :

«Le bonheur, écrivait Roger Martin du Gard, n’est pas une timbale qu’on décroche, c’est surtout une aptitude».

Arthur Schopenhauer, lui, définissait le bonheur par son absence en écrivant que

« la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le moins. »

Ça serait donc quelque chose que l’on cherche mais dont nous ne serions pas conscients quand nous l’avons.

Cette recherche de bonheur nous éloignerait, au final, du cœur de notre vie, de l’essence même de celle-ci.

Depuis une trentaine d’années, le bonheur a beaucoup été assimilé à une certaine jouissance matérielle : la maison individuelle, la voiture individuelle… Une des images classiques est la maison américaine d’architecture victorienne avec l’allée ornée de chaque côté d’une pelouse verte bien tondue devant laquelle est garée une grosse et confortable voiture. La fameuse Victoria Lane de Desperate Housewives en est un exemple.

Le bonheur c’est aussi d’être bien, de se sentir à l’aise dans son corps, dans sa tête, d’avoir un équilibre de vie. Le développement de la pratique des disciplines du bien-être comme le yoga et ses dérivés en est un témoin.

Mais l’épanouissement personnel matériel, physique et mental est-il suffisant pour être heureux ?

Certes, satisfaire ses désirs et se satisfaire personnellement est une condition du bonheur.

Il y a toutefois plusieurs formes de désirs :

  • ceux qui nous sont dictés plus ou moins consciemment par notre éducation, par la société, par les publicités, par nos représentations mentales ;
  • ceux qui émanent de notre être profond.

Quels sont mes véritables désirs ? Ou plutôt quel est mon désir profond ? Cela semble être la question fondamentale à se poser que l’on peut aussi formuler ainsi :

mon désir est-il le fruit d’un diktat ou émane-t-il de mon être profond ?

Suis-je en cohérence, aligné avec ma finalité ultime, mon identité propre, mes valeurs et mes croyances comme le représente Robert Dilts dans sa pyramide ?

C’est là qu’entre en jeu l’importance d’être libre, vraiment libre. La liberté, plus que de pouvoir satisfaire ces désirs, c’est de pouvoir identifier ces vrais désirs ceux qui sont alignés avec notre soi le plus profond et le plus fondamental. Ouvrir ce soi pour qu’il s’exprime librement sans contrainte.

Pour y parvenir, cela suppose d’agir contre son égo.

Le bonheur serait donc de pouvoir faire place à son soi profond, celui qui nous permet d’entrer en relation avec l’altérité, et plus largement avec le Nous c’est-à-dire la communauté qui nous entoure.

Pour en revenir à la demande de mon coaché qui cherche à être plus heureux, la question pourrait être :  comment puis-je faire plus de place à mon soi et donc freiner mon ego?

Je lui demande donc de préciser ce que c’est qu’être heureux pour lui. De quoi a-t-il besoin pour ça ?

Être heureux pour lui, c’est se sentir bien, d’éprouver de la joie, d’être dans un sentiment de plénitude et d’accomplissement de ce pour quoi il est fait.

Je lui demande donc pour quoi est-il fait?

Il me répond qu’il ne sait pas, qu’il n’y a jamais vraiment réfléchi.

Certes, il est enseignant mais de là à dire qu’il est « fait » pour ça. Avant d’être enseignant, il a été autre chose et sera certainement autre chose après. Cette question du « pour quoi est-il fait ? » semble dépasser la simple vocation professionnelle. Quel est le sens de sa vie ? Pourquoi est-il sur Terre ? Quelle trace va-t-il laisser ?

Pas à pas, nous avons glissé « d’être heureux, c’est me sentir bien » à cette question du soi profond : Qui suis-je appelé à être en dehors des injonctions que j’ai pu recevoir de mes parents, de mon entourage, de la société, Etc.?

Il prenait conscience que, pour être plus heureux, il devait s’attacher à répondre à cette question, en toute liberté, sans s’attacher à ce qui est superficiel et temporel, sans se laisser influencer.

Je lui demande en quoi cette prise de conscience lui sera utile par la suite ?

Il me répond qu’il veillera à prendre le temps d’identifier les critères qui le poussent à faire tel ou tel choix, à être davantage attentif à ses motivations afin de pouvoir vérifier si elles sont en cohérence avec ce qu’il est lui fondamentalement.

Pour conclure, je l’interroge sur les besoins qu’il aurait pour s’assurer de mettre en place ce temps de discernement et ne pas se faire rattraper par les diktats externes.

Il identifie rapidement le besoin d’avoir un signal d’alerte clair dès qu’il risque de s’éloigner de son lui.

Dès qu’il remarquera un empressement à se décider, à vouloir quelque chose coûte que coûte, c’est un signe ! Il est alors urgent de ne rien choisir ; il est temps de dompter ce premier élan, surtout s’il est ardent, et d’envisager toutes les options en étant attentif à ce qu’elles génèrent en soi : une joie profonde et durable ou un désir éphémère et vite assoiffant.

C’est ainsi que, pas à pas, il se détachera de ce qui l’éloigne de ce pour quoi il est fait, de sa vocation première, en somme, et que sa vie prendra davantage de sens.